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Comme les pros, mais en amateur…
L’an passé, je m’étais lancé comme défi de gravir le Col de l’Iseran depuis Modane. Et j’avais réussi… Il y a quelques semaines, mes roues m’ont fait savoir qu’elles retourneraient bien “tâter le bitume” à la montagne. Ayant un “pied à terre” bon marché à St Jean de Maurienne, l’itinéraire sportif était tout trouvé : Les cols du Télégraphe et du Galibier !
Mais avant de détailler la “balade”, commençons par LA photo, prise à 1,5 km du sommet :
A présent pour les plus courageux, un peu de lecture…
Je pars le lundi matin, en TER depuis Paris pour rejoindre St Jean de Maurienne. Pourquoi en TER ? Parce qu’en TGV, j’aurais dû séparer cadre, roues et pédales et fourrer le tout dans une housse. L’espace étant déjà restreint pour une vulgaire valise, un vélo en kit aurait été trop encombrant. Sans parler du risque important de détérioration !
Arrivé à destination, j’ai droit à une visite guidée de la ville en mini-autobus, à un repas de champions (des pâtes…), à une bonne petite soirée et… à une petite nuit, le réveil sonnant à 6h…
A 7h, je suis fin prêt, et m’élance dans la fraicheur alpine. Il fait 8°C. Plus tard, ça descendra à 6… Je parcours les 13 km qui séparent Saint Jean de Saint Michel de Maurienne. Je gère l’effort, car même si ça roule plutôt bien, il faut garder un maximum d’énergie pour plus tard 😉 …
“Plus tard”, c’est maintenant. Après une pause pipi et un premier ravitaillement, les hostilités commencent : la grimpette du Col du Télégraphe. 12 km à 7,3% de moyenne. Mon organisme est bien préparé, et l’ascension se déroule bien. Au bout d’une cinquantaine de minutes, je suis en haut du premier obstacle, et me délecte de la petite descente vers Valloire. Tout en gardant à l’esprit que chaque mètre descendu devra être remonté 🙁 …
A Valloire, il fait froid, et il n’y a personne en ce mardi matin… Second ravitaillement, et c’est reparti pour l’ascension finale : les 17 km du Col du Galibier !
Mais à 9 km du sommet, je dois déjà m’arrêter. Mes jambes me rappellent qu’elles viennent de franchir le télégraphe et réclament du carburant. Je les satisfais en ingurgitant un gel concentré. J’en profite aussi pour me déshabiller un peu. En levant les yeux, je vois les lacets qui serpentent, et qui montent hauts, très haut… Je repars, mais je stoppe à nouveau 3 km plus loin. Une barre de céréale, et je relance… pour 1,5 km ! Histoire de contenter ma seconde jambe, je prends un second gel. Mais mon moral tombe bien bas. Je me mets à douter… Mes jambes me brûlent et ne veulent plus tourner… Dans un dernier effort, je repars. Mon corps me fait alors comprendre qu’il n’est pas d’accord du tout, et je ressens une double crampe à la cuisse droite : dessus et dessous ! Je m’arrête encore, pour marcher et détendre ces foutus muscles. Il reste 3,5 km. La crise passée, je repars une nouvelle fois…
Mais cette fois, les gels font leurs effets, et, bien que souffrant comme un galérien, je roule ! Le sommet, qui me domine depuis un certain temps déjà, semble toujours inaccessible. Sa hauteur comparée à la distance restante laisse présager de la raideur de la rampe… A 1,5 km, au détour d’un virage, surprise, un photographe professionnel immortalise l’exploit des cyclistes (d’où la photo 😉 ). Bien que relativement “frais” sur le cliché, j’entre dans un état second. Mes nerfs deviennent incontrôlables, mon visage se crispe, et des larmes s’échappent sans que je ne puisse les retenir. En fait, je ne sens plus la douleur, mon esprit et mon corps semblent se séparer. C’est donc ça, le “dépassement de soi” ?
Le sommet est là, à 500m, et il semble enfin se résigner à être vaincu. Vers 11h40, la route redevient plane, je suis en haut !
Je m’y attarde une dizaine de minutes, puis m’équipe pour redescendre. La suite est moins fatigante, mais plus rapide. Je croise de nombreux autres cyclistes qui en bavent.
Arrivé à Valloire, et après un petit sandwich, je remonte le Col du Télégraphe. Ce n’est pas très raide, et je grimpe assez facilement. Puis j’entame la dernière descente, longue et… dangereuse (dédicace à Beloki) 🙁 . Enfin, je retrouve “le plancher des vaches” à Saint Michel. Pour finir en beauté, je dois affronter un vent à 40 km/h sur les 13 derniers kilomètres. Mes jambes me brûlent terriblement, mais il faut bien rentrer…
La journée se termine par une sortie à la pizzeria et une victoire des bleus. Sauf que personne n’a parlé de moi dans les journaux…
Le lendemain, le train part à 8h10. C’est un peu comme à l’aller, mais avec un petit bonheur en plus…
Merci Julie pour ces 3 jours 😉 !